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le mort s’est trompé d’étage

LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE 161 pente de la route décrivait un grand « S ». La moto, onduleuse, gravit la côte avec une vitesse fou- droyante et s’élança vers le passage à niveau, à la station de Saint-Nom-la-Bretèche. Elle distança la Maybach, que Van Laar pressait cependant, et, franchissant le ponceau qui domine la ligne de Grande Ceinture, s’enfonça dans la forêt de Marly. Ses suiveurs fidèles y pénétrèrent à leur tour. Il doit être bien plus de 10 heures. Mais Julot doit l’attendre, ou plutôt nos hommes… Ah ! pour- vu qu’ils n’aient pas fait de bêtises. Non, Rabaud est intelligent. Je suppose que Victor, de loin, trouvera quelque moyen d’avertir son compère et sautera dans la voiture, abandonnant sa machine. Il va être bien attrapé. C’était faire injure à l’imagination de Victor. Il avait combiné mieux que cela. Lamblin, les yeux fatigués sous ses grosses lunettes, suivait anxieusement, derrière le voile irisé de la pluie, la tache sombre qui figurait le gibier poursuivi. Il avait depuis longtemps renoncé à tirer dans ses pneus. Et où se trouvait-on ? Comment, sous l’averse, reconnaître ces allées forestières toutes pareilles ? Victor tourne à toute vitesse et prend une route qui descend. Où va-t-on déboucher ? Carrefour des Princesses ? Étoile de Flore ? - Et soudain on n’entend plus le bruit de la moto. Les deux hommes scrutent en vain la nuit, où les éclairs se font plus rares. La tache noire a disparu. En jurant le Hollandais accélère… Mais tous deux à la fois jettent un cri. Un écri- teau a surgi, que la voiture fauche, et les phares éclairent une barrière… L’autostrade ! L’auto- strade en construction qui ne figure pas sur la