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le mort s’est trompé d’étage

LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE allait faire son petit tour matinal au Bois, l’inspec- teur, furieux et rageant plus que jamais de n’avoir pas prévu le coup. Par bonheur, la blessure de Françoise-Bobette ne semble pas grave. Elle a la cuisse transpercée, mais pas de fracture, c’est du moins le diagnostic a priori d’un médecin opportu- nément survenu. Lamblin est profondément humi- lié par le regard que lui a jeté la blessée en reprenant ses sens, tant il exprimait d’étonnement doulou- reux parce qu’il n’avait pas su la protéger. L’obligeant médecin voulut bien se charger de faire transporter Françoise dans une clinique de Neuilly, et l’inspecteur envoya Drouard prévenir la comtesse d’Armancé. On lui servirait, bien entendu, la version officielle, celle qui ce soir paraî- trait dans la presse : la jeune fille, passante mal- chanceuse, avait reçu une balle alors que la police tentait de capturer « un dangereux repris de jus- tice » qui, finalement, s’était échappé. Mais on était sur sa trace et « son arrestation n’était plus qu’une question d’heures ». 137 Quant à expliquer pourquoi Françoise se trou- vait Porte Dauphine alors qu’elle était supposée être à son cours de dessin rue de la Grande-Chau- mière, Lamblin en laissait le soin à l’intéressée. La chaleur, l’occasion, l’herbe tendre, elle ne man- querait pas de prétexte à donner à sa peu clair- voyante mère. L’inspecteur se hâtait vers le poste téléphonique le plus proche tout en remâchant l’amertume de sa défaite : Quelle astuce ! se disait-il. Nous avons naïve- ment cru à l’auto noire. Il y en a des centaines, d’autos noires. Il suffisait à Victor d’en guetter Quienly