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le mort s’est trompé d’étage

104 LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE sants, et dans les champs les moissons tombées s’accumulant en gerbes couleur de miel. Comme cette beauté sereine contrastait avec le drame sordide qui se reconstituait dans l’esprit du policier ! « J’en ai à peu près tous les éléments, se disait- il. Ce Raoul d’Armancé a évidemment tenté d’em- poisonner son cousin, oh ! avec prudence ! par doses légères provoquant des malaises que l’on pouvait croire naturels. Pour quelle raison ? L’autre était riche à millions, disait la concierge. Et le comte avait la tête du monsieur qui perd royalement au jeu, qui spécule étourdîment à la Bourse et qui ne s’occupe pas de ses fermiers. Sa veuve est à peu près ruinée. Vidalier arrivait d’Afrique et sans doute n’avait-il pas de famille proche puisqu’il venait chez son cousin… Celui-ci aurait hérité. Mais comment Vidalier, malade, avait-il soupçonné l’abominable complot ? Car il l’avait soupçonné, puisqu’il avait voulu partir en hâte, dans la nuit… » T Lamblin se frappa le front. « C’est Évelyne qui l’a averti. Elle lui a fait porter du lait, et la cuisinière a parlé d’une lettre… Et puis, seule de toute la famille, elle assistait à son départ… C’est égal, quelle maison ! On était moins en danger chez les Borgia ! Cette lettre… non, c’était le genre de billet au bas duquel on écrit : « Brûlez ces lignes ». Et le chevaleresque Vidalier n’y aura pas manqué. » Il réfléchissait, mordant sa lèvre, les sourcils contractés. « La jeune Françoise a servi d’instrument inconscient, je veux bien le croire. Mais alors