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MANUELITA.

Essayez si vous voulez… Mais je vous préviens que vous perdrez votre temps…

VERTIGO.

C’est ce que nous verrons… (Il veut lui prendre la taille.) c’est ce que nous verrons… (Elle lui échappe.)[1] Méchante !… je vaincrai vos scrupules… Mais ça n’est pas tout ça… Il faut que je vous quitte… Qu’est-ce que j’ai donc à faire aujourd’hui ?… Voyons… nous disons… d’abord, un alguazil à raser…, ma classe du matin à faire…, une dent à extraire à la femme de l’alcade qui a crié toute la nuit comme une possédée… Ah ! et puis je joue du serpent à l’office, devant le corrégidor de Saint-Sébastien… Ah ! une mule à panser dans la rue Saint-Laurent… un œil à panser sur le quai de l’Urumea… Que de choses à penser, mon Dieu !… À revoir, Manuelita.

MANUELITA.

Adieu, señor Vertigo.

VERTIGO.

À bientôt, cruelle… (Il sort par le second plan, à droite.)

MANUELITA.

Oh ! ne vous pressez pas… je n’attends pas après vous…


Scène IV.

MANUELITA, seule.

Hélas ! il a raison… C’est vrai qu’il y a longtemps que Pepito ne m’a écrit… S’il lui était arrivé malheur ?… C’est si chanceux, le métier de la guerre !… Oh ! non…, chassons bien vite toutes ces vilaines idées… Dieu ne voudra pas rendre mes efforts inutiles. Depuis trois ans que Pepito est parti, je mets de côté tout ce que je gagne, tout ce que me rapporte ma petite auberge… C’est pour le racheter… Je n’ai encore que quatre cents réaux… ce n’est guère ! Mais dam ! il ne passe pas beaucoup de voyageurs par ici…, et ce vilain Vertigo m’en prend le plus qu’il peut… Pauvre Pepito !…

  1. Manuelita, Vertigo.