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à sa fantaisie, et que, depuis longtemps, mon cœur n’est plus à moi.

VERTIGO.

Quoi ! au bout de trois ans d’absence, vous pensez encore à ce petit Pepito ?…

MANUELITA.

Si j’y pense ! je le crois bien ; et j’y penserai toujours.

VERTIGO.

Eh bien ! vous en serez pour vos pensées, car vous ne savez pas comme c’est volage, les lanciers… et celui-là vous a sans doute oubliée depuis longtemps.

MANUELITA.

M’oublier, lui ! Pepito !… Apprenez, señor Vertigo, que mon fiancé est brave et fidèle comme le Cid ! Ah ! bien, je suis tranquille, allez, et il peut l’être aussi. Le jour qu’il est tombé au sort, il me donna cette petite fleur de cassie qu’il venait de cueillir dans la montagne, en me promettant de m’aimer toujours. Depuis, la pauvre fleur s’est fanée sur mon cœur, mais, dedans, l’amour est resté frais comme le premier jour.

VERTIGO.

Et je vous dis, moi, que c’est une duperie, car, bien sûr, il y a bien longtemps que votre Pepito ne songe plus à vous ; car s’il y songeait, il vous écrirait… et il y a au moins quatre mois que vous n’avez reçu de ses nouvelles.

MANUELITA.

Qu’en savez-vous ?

VERTIGO.

Ce que j’en sais ?… Je suis le facteur du canton, et pas une lettre n’y arrive sans passer par mes mains… Ainsi !…

MANUELITA.

Eh bien ! après ?… Ça ne prouve qu’une chose, c’est que la poste est inexacte. Et puis, d’ailleurs, tout ce que vous pourrez dire et rien, c’est la même chose. Pepito m’aime, je l’aime, je n’aimerai jamais que lui. J’ai passé trois années à l’attendre, et je l’attendrai bien encore pendant quatre ans…

VERTIGO.

Quelle folie ! Gageons que je vous fais renoncer à ce projet-là ?…