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ôte une, que reste-t-il ? Parlez donc. Un tiers. À merveille ! vous saurez conserver votre bien. Ajoutez une once : combien cela fait-il ? La demi-livre. Quand une fois cette rouille, ce vil amour du gain a infecté les esprits, peut-on espérer des vers dignes d’être trempés d’huile de cédre, ou serrés dans des tablettes de cyprés.

LES Poëtes ecrivent ou pour plaire ou pour instruire, ou pour faire l’un & l’autre ensemble. Si vous donnez des preceptes, qu’ils soient courts, afin que l’esprit les saisisse vîte, les apprenne, & les retienne fidelement. Tout ce qui est de trop se repand hors du vase. Si vous inventez quelque fiction, uniquement pour plaire, qu’elle soit très-approchante du vrai. La fiction n’a pas droit de nous offrir tous ses caprices ni de retirer vivant de l’estomac d’une magicienne, un enfant qu’elle vient de manger. Nos graves Senateurs rejettent ce qui n’est pas instructif ; nos jeunes Chevaliers ne s’arrêtent pas aux