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que l’art, & que l’Helicon n’admettoit point les écrivains qui n’ont pas le cerveau blessé. D’après cet oracle, la plûpart des Poëtes ont l’attention de conserver leur barbe, leurs ongles, de fuir les bains, de chercher les lieux solitaires. Vraiment c’est le moyen de mériter le nom de poëte & d’en avoir les honneurs. Il faut bien se garder de jamais confier au barbier Licinus une tête que trois Anticyres ne gueriroient pas. J’ai donc grand tort de me purger tous les printems ; personne ne feroit de meilleurs vers que moi. Mais il n’est rien qui me tente à ce prix. Je ferai l’office de la pierre à aiguiser, qui fait couper le fer, & qui elle-même ne coupe point. J’enseignerai à bien écrire, sans écrire moi-même. J’indiquerai les sources, je dirai ce qui nourrit un Poëte, ce qui le forme, ce qui convient, ce qui ne convient pas, où tend le bon goût, où mene l’erreur.

POUR bien écrire, il faut avant tout, avoir un sens droit. Les écrits des Philosophes vous