Si vous voulez qu’un spectateur, toujours attentif, suive votre piece de scene en scene, jusqu’à ce que le Chœur dise, Battez des mains, vous vous attacherez à bien marquer les mœurs, qui varient, ainsi que les âges. L’enfant qui sait déja répéter les mots, & former des pas assurés, aime à jouer avec ses pareils ; il se fâche sans savoir pourquoi, & s’appaise de même : il varie à chaque instant. Le jeune-homme délivré enfin de son gouverneur, se plaît à nourrir des chevaux, des chiens, à s’exercer dans le champ de Mars. Il est de cire pour recevoir l’impression du vice ; il se cabre contre les avis, ne prevoit rien ; il est prodigue, vain, a envie de tout, & le moment d’après, il ne veut plus de ce qu’il a desiré. Les goûts changent : l’homme-fait songe à amasser du bien, à acquerir des amis, à s’élever aux honneurs ; il prend garde de faire quelque démarche dont il puisse se repentir. Une infinité de maux assiegent le vieillard, n’y eût-il que le desir d’amasser, & la crainte d’user. Il ne fait rien qu’avec lenteur & en tremblant : il est temporiseur, sans confiance sans ressource en
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