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de ses sentimens. & si dans la comédie Crispin est plus vrai ; c’est que son rôle fabuleux approche davantage de sa condition réelle. Ainsi le grand principe pour imiter avec liberté dans les arts, seroit de se persuader qu’on est à Trezêne, qu’Hippolyte est mort, & qu’on est réellement Theramene. Alors l’action aura un autre feu & une autre liberté : paulum interesse censes ex animo omnia ut fert natura facias, an de industria. c’est pour atteindre à cette liberté que les grands peintres laissent quelquefois jouer leur pinceau sur la toile : tantôt, c’est une symmétrie rompue ; tantôt, un désordre affecté dans quelque petite partie ; ici, c’est un ornement négligé ; là, un défaut même, laissé à dessein : c’est la loi de l’imitation qui le veut :