Page:Batteux - Les Beaux-Arts réduits à un même principe.djvu/70

Cette page n’a pas encore été corrigée

même en le cherchant. Qui auroit cru que l’ombre d’un corps, environné d’un simple trait, pût devenir un tableau d’Apelle, que quelques accens inarticulés pussent donner naissance à la musique telle que nous la connoissons aujourd’hui ? Le trajet est immense. Combien nos peres ne firent-ils point de courses inutiles, ou même opposées à leur terme ? Combien d’efforts malheureux, de recherches vaines, d’épreuves sans succès ? Nous jouissons de leurs travaux ; & pour toute reconnoissance, ils ont nos mépris. Les arts en naissant étoient comme sont les hommes. Ils avoient besoin d’être formés de nouveau par une sorte d’éducation. Ils sortoient de la barbarie : c’étoit une imitation, il est vrai, mais une imitation grossiere, & de la nature grossiere elle-même. Tout l’art consistoit à peindre ce qu’on voyoit, & ce qu’on