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arts, comme nous l’avons prouvé, ne sont que des imitations de la belle nature ; le goût doit être un sentiment qui nous avertit si la belle nature est bien ou mal imitée. Ceci se développera de plus en plus dans la suite. Quoique ce sentiment paroisse partir brusquement & en aveugle ; il est cependant toujours précédé au moins d’un éclair de lumiere, à la faveur duquel nous découvrons les qualités de l’objet. Il faut que la corde ait été frappée, avant que de rendre le son. Mais cette opération est si rapide, que souvent on ne s’en apperçoit point : & que la raison, quand elle revient sur le sentiment, a beaucoup de peine à en reconnoître la cause. C’est pour cela peut-être que la supériorité des anciens sur les modernes est si difficile à décider. C’est le goût qui en doit juger : et à son tribunal, on sent plus qu’on ne prouve.