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les dissonances, étant dans la nature, aussi-bien que les autres tons, ont le même droit qu’eux, d’entrer dans la musique. Elles y servent non-seulement d’assaisonnement & de sel ; mais elles contribuent d’une façon particuliere à caractériser l’expression musicale. Rien n’est si irrégulier que la marche des passions, de l’amour, de la colere, de la discorde : souvent, pour les exprimer, la voix s’aigrit et détonne tout-à-coup : & pour peu que l’art adoucisse ces désagrémens de la nature, la vérité de l’expression console de sa dureté. C’est au compositeur à les présenter avec précaution, sobriété, intelligence. L’harmonie enfin, concourt à l’expression musicale. Tout son harmonique est triple de sa nature. Il porte avec lui, sa quinte & sa tierce-majeure : c’est la doctrine commune de Descartes, du pere Mersenne, de M Sauveur, et de M Rameau