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Ainsi, de même que dans la poësie épique & dramatique, où il s’agit de peindre les actions, le poëte doit se représenter vivement les choses dans l’esprit, & prendre aussitôt le pinceau ; dans le lyrique, qui est livré tout entier au sentiment, il doit échauffer son cœur, & prendre aussitôt sa lyre. S’il veut composer un lyrique élevé, qu’il allume un grand feu. Ce feu sera plus doux, s’il ne veut que des sons modérés. Si les sentimens sont vrais & réels, comme quand David composoit ses cantiques, c’est un avantage pour le poëte : de même que c’en est un, lorsque dans le tragique, il traite un fait de l’histoire tellement préparé, qu’il n’y ait point, ou qu’il y ait peu de changemens à faire, comme dans l’Esther de Racine. Alors l’imitation poëtique se réduit aux pensées, aux expressions, à l’harmonie, qui doivent être conformes