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ces chœurs qui étoient l’expression du seul sentiment, s’ils étoient la nature elle-même, ou seulement la nature imitée ? Si Rousseau dans ses pseaumes étoit pénétré aussi réellement que David ? Enfin, si nos acteurs qui montrent sur le théâtre des passions si vives, les éprouvent sans le secours de l’art, & par la réalité de leur situation ? Si tout cela est feint, artificiel, imité ; la matière de la poësie lyrique, pour être dans les sentimens, n’en doit donc pas être moins soumise à l’imitation. L’origine de la poësie ne prouve pas plus contre ce principe. Chercher la poësie dans sa premiere origine, c’est la chercher avant son existence. Les élémens des arts furent créés avec la nature. Mais les arts eux-mêmes, tels que nous les connoissons, que nous les définissons maintenant, sont bien différens de ce qu’ils étoient, quand ils commencèrent