Page:Batteux - Les Beaux-Arts réduits à un même principe.djvu/217

Cette page n’a pas encore été corrigée

passions, qui sont ordinairement secrets ? Phedre pouvoit-elle avouer à tout un peuple, ce qu’Oenone ne pouvoit lui arracher qu’avec effort ? Mais peut-être aussi, que si l’art y a gagné en rendant l’imitation plus exacte, le spectateur y a perdu du côté des sentimens. Le chant lyrique du chœur exprimoit dans les entractes les mouvemens excités par l’acte qui venoit de finir. Le spectateur ému en prenoit aisément l’unisson, & se préparoit ainsi à recevoir l’impression des actes suivans ; au lieu qu’aujourd’hui le violon ne semble fait que pour guérir l’ame de sa blessure, & éteindre le feu qui s’allumoit. On guérit un inconvénient par un autre. Il y a pourtant des sujets où tout pourroit se concilier. Si on demande maintenant pourquoi les passions doivent être extraordinaires, les caracteres toujours