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un moment, & de croire que ce n’est qu’à lui-même qu’il est redevable de son instruction. Anacréon, qui étoit savant dans l’art de plaire, & qui paroît n’avoir jamais eu d’autre but, n’ignoroit pas combien il est important de mêler l’utile à l’agréable. Les autres poëtes jettent des roses sur leurs préceptes, pour en cacher la dureté. Lui, par un rafinement de délicatesse, mettoit des leçons au milieu de ses roses. Il savoit que les plus belles images, quand elles ne nous apprennent rien, ont une certaine fadeur, qui laisse après elle le dégoût : qu’il faut quelque chose de solide pour leur donner cette force, cette pointe qui pénétre : & enfin, que si la sagesse a besoin d’être égayée par un peu de folie ; la folie, à son tour, doit être assaisonnée d’un peu de sagesse. Qu’on lise l’amour piqué par une abeille, Mars percé