l’admiration des grands exemples, qui laissent dans le cœur l’aiguillon de la vertu : un amour héroïque, & par conséquent légitime : voilà, de l’aveu de tout le monde, les passions que doit traiter la poësie, qui n’est point faite pour fomenter la corruption dans les cœurs gâtés ; mais pour être les délices des ames vertueuses. La vertu placée dans de certaines situations, sera toujours un spectacle touchant. Il y a au fond des cœurs les plus corrompus une voix qui parle toujours pour elle, & que les honnêtes-gens entendent avec d’autant plus de plaisir, qu’ils y trouvent une preuve de leur perfection. Aussi les grands poëtes n’ont-ils jamais prétendu que leurs ouvrages, le fruit de tant de veilles & de travaux, fussent uniquement destinés à amuser la légéreté d’un esprit vain, ou à réveiller l’assoupissement d’un Midas desoeuvré. Si c’eût été leur
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