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le poëte fait intervenir pour mettre en jeu les ressorts secrets de son poëme ; il est évident que la fiction n’est pas essentielle à la poësie ; parce qu’autrement la tragédie, la comédie, la plûpart des odes cesseroient d’être de vrais poëmes, ce qui seroit contraire aux idées les plus universellement reçues. Enfin si par fiction on veut signifier les figures qui prêtent de la vie aux choses inanimées, & des corps aux choses insensibles, qui les font parler & agir, telles que sont les métaphores & les allégories ; la fiction alors n’est plus qu’un tour poëtique, qui peut convenir à la prose même. C’est le langage de la passion qui dédaigne l’expression vulgaire : c’est la parure & non le corps de la poësie. D’autres ont cru que la poësie consistoit dans la versification. Le peuple frappé de cette mesure