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commence à raisonner. Elle s’agite bientôt par les desirs qui naissent du besoin : les organes l’avertissent de donner ses ordres : & le commerce du corps avec l’ame s’établit par les impressions réciproques de l’un sur l’autre. L’ame reconnoît dès-lors en silence toutes ses facultés : elle les prépare & les met en jeu. Elle amasse par le ministére des yeux, des oreilles, du tact, & des autres sens, les connoissances & les idées qui sont comme les provisions de la vie. Et comme dans ces acquisitions, c’est le sentiment qui régne & qui agit seul ; il doit avoir fait déja des progrès infinis, avant que la raison ait fait seulement le premier pas. Peuvent-ils être indifférens ces progrès, qui sont si souvent contraires aux intérêts de la raison, qui troublent sans cesse son empire, et ont assez de force, ou pour la rendre esclave, ou pour la dépouiller d’une