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Voilà la richesse de la nature, ce me semble, assez établie. Le même homme pouvoit-il faire usage à la fois de tous ces trésors ? La multitude n’auroit fait que le distraire & l’empêcher de jouir. C’est pourquoi la nature, ayant fait des provisions pour tout le genre humain, devoit, par prévoyance, distribuer à chacun des hommes en particulier, une portion de goût, qui le déterminât principalement à certains objets. C’est ce qu’elle a fait, en formant leurs organes, de maniere qu’ils se portassent vers une partie, plutôt que sur le tout. Les ames bien conformées ont un goût général pour tout ce qui est naturel, & en même-tems, un amour de préférence, qui les attache à certains objets en particulier : et c’est cet amour qui fixe les talens, & les conserve en les fixant. Qu’il soit donc permis à chacun