avec les tigres. Les monstres sont effrayans dans la nature, dans les arts ils sont ridicules. Il suffit donc de peindre ce qui est vraisemblable ; on ne peut mener un poëte plus loin. Que Théocrite ait peint la naïveté riante des bergers : que Virgile y ait ajouté seulement quelques dégrés d’élégance & de politesse ; ce n’étoit point une loi pour M De Fontenelle. Il lui a été permis d’aller plus loin, & de se divertir par une jolie mascarade, en peignant la cour en bergerie. Il a su joindre la délicatesse et l’esprit avec quelques guirlandes champêtres, il a rempli son objet. Il n’y a à reprendre dans son ouvrage que le titre, qui auroit dû être différent de ceux de Théocrite et de Virgile. Son idée est fort belle : son plan est ingénieux : rien n’est si délicat que l’exécution : mais il lui a donné un nom qui nous trompe.
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