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l’Âme, ſe réduiſent à ſa dépendance apparente des diſſérens états du corps. Elle ſemble ſe développer, ſe fortifier, s’affoiblir avec lui ; elle eſt gaie, triſte, vive, languiſſante, ſelon que le ſang coule, ou qu’on a bien ou mal digeré.

Ariſtote avoit répondu à cette objection faite long-tems avant Épicure. Dans un vieillard la mémoire tombe, l’imagination s’éteint, toutes les facultez de l’âme ſemblent s’affaiſſer, comme le corps. Mais le corps n’étant que l’inſtrument de l’âme, ne peut-on pas attribuer l’inſtrument ſeul, ce qu’on veut attibuer à l’âme ? Donnez un œil de vingt ans à une âme de quatre-vingts elle verra comme a vingt ans & de même, l’homme de vingt ans verra comme à quatre-vingts, ſi on lui donne un œil de quatre-vingts ans. J’écris rouge ou noir, avec de l’encre