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On peut même tourner cette façon de raiſonner contre Épicure. Il juge de l’exiſtence & de la néceſſité des indiviſibles par les inductions qu’il tire des effets de la nature, dont il ne fauroit donner l’explication ſans eux ; pourquoi ne juge-t-il pas de la néceſſité & de l’exiſtence des eſprits par les opérations & les productions dont on ne peut trouver la raiſon, ni dans les atômes ſur qui rien n’agit, ni dans le vuide, qui n’agit ſur rien ?

Les Modernes ſuggéreront peut‑être à Épicure leur argument favori. Que nous ne connoiſſons point toutes les proprietez de la, matiére, & que nous ignorons ſi elle ne peut pas penſer.

Mais alors ils ne ſont plus dans l’idée du Philoſophe. On renverſe tout ſon édiſice dont l’objet unique eſt d’établir la ſécurité de l’âme, ſur l’évidence des cauſes