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n’agit ſur eux ; ils n’agiſſent ſur rien[1]. On peut en juger par les lieux mêmes où ils ſont placez. Qu’on ſe repréſente une infinité de mondes qui s’agitent & ſe meuvent chacun dans leur tourbillon particulier : il n’eſt pas poſſible que leurs configurations, rondes ou approchantes de la rondeur, ne laiſſent quelques intervalles entre eux. Ces intervalles s’appellent intermondes. C’eſt-là que les Dieux tranquilles, loin des hommes, règnent, & jouiſſent d’eux-mêmes, ſans action, ſans ſoins, ſans volonté. S’ils ſe fuſſent trouvez engagez dans les mondes, ils auroient eu trop d’embarras & trop de peines. Il auroit fallu ſuivre le mouvement des ſphères : quelle fatigue ! ou le régler : quels efforts ! cela ne peut ſe concilier

  1. Voyes l’Extrait de la Let. à Hérod. II. Part. art. 5. n. 18.