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Le divin Platon avoit été admiré lorſqu’il parloit des perfections de l’Être ſuprême, de l’immortalité de l’âme, des charmes & des récompenſes de la vertu. Mais ſes écrits, qui préſentent toujours le pour & le contre avec des traits également forts, & des couleurs également vives, donnoient trop d’exercice, & trop peu de nourriture, à la plûpart des lecteurs, dont l’eſprit, après une certaine meſure de travail, aime à ſe repoſer ſur quelque verité. Ses ſucceſſurs Speuſippe, Xénocrate, & Polémon, qui avoient été moins attachez que lui à la ma-

    voient-ils à cacher après avoir dit hautement que la Divinité ne ſe mêloit point des affaires des hommes ; que l’âme mouroit avec le corps, que la volutpté eſt le ſouverain bien, & que la juſtice n’eſt rien ? Peut-être y avoit‑il quelques développemens trop cruds, qui n’auroient pû paſſer à la Police d’Athènes, malgré ſon extrême indulgence pour les Philoſophes.