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PREFACE

L’EXERCICE de ceux qui sont employez, aux petites Ecoles, est assurément tres-rude & tres-penible. L’on peut dire que leur vie est toute laborieuse ; & il faut qu’ils arrachent bien des épines, sur les terres qu’ils défrichent, avant que d’y voir des fruits. Comme l’employ dont ils font profession est sans éclat, il est aussi sans plaisir & sans goût ; & si son utilité ne le rendoit recommandable ; ils passeroient peut-estre toute leur vie, sans vouloir s’y appliquer. Mais encore que ceux qu’ils instruisent, semblent d’abord estre peu capables de recevoir & de pratiquer des Preceptes, tant pour les Sciences que pour les Vertus ; neantmoins pourveû que l’on garde quelque Methode, en enseignant les Enfans, l’on remarquera que tous ces travaux ne sont pas entierement inutiles, principalement pour ce qui regarde leurs mœurs & leur salut.

C’est particulièrement dans cét âge, que l’on doit inspirer à la jeunesse les premieres connoissances dont elle a besoin pour la garantie contre la corruption du siecle. Chacun scait, que les enfans retiennent encore quelque chose de ces graces abondantes qu’ils ont receuës dans leur Bapteme, qu’ils se laissent conduire comme l’on veut, qu’ils obeïssent plus facilement que ceux qui sont dans un âge plus avancé, que leur esprit est plus doux, que leur volonté est plus soûmise, & enfin que leurs inclinations sont moins depravées.