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que ma maladresse me faisait plus humble à vos côtés. Cette joie de l’humilité, mais c’était toute ma vie, tout mon avenir !… Et voilà… fini tout à coup !… Il me semble que je suis déjà malheureuse depuis des années.

(Elle fond en sanglots.)
BOUGUET.

Je te laisse pleurer, puisque toute larme soulage, mais je ne vois pas du tout les choses de la sorte. Rien n’est perdu, au contraire… La vie s’inaugure pour toi si ce mariage est possible. Mais voilà, est-il possible ?…

EDWIGE, (sursautant.)

Quoi ?… Vous… c’est vous qui dites cela ?

BOUGUET.

Pourquoi pas ?… Crois-tu que ce soit d’aujourd’hui que j’aie songé à ce mariage ?… En voyant l’affection de Blondel grandir au fur et à mesure, j’y avais souvent pensé. Je me disais avec amertume : quel dommage pour cette petite ! C’était la vérité pour elle !…

EDWIGE.

Vous, vous, qui me dites cela. Faut-il que vous m’ayez peu aimée tout de même et que je ne sois rien dans votre vie !… C’est désespérant… tenez !

BOUGUET.

Mais, au contraire, c’est parce que je te porte une affection très certaine que j’envisage ton avenir pratiquement. Tu n’es pas un être dédaignable. Tu mérites de devenir heureuse. Je vois une chance harmonieuse se lever sur ta vie… Je me range à l’opinion de ceux qui souhaitent pour toi ce mariage. Évidemment, tout à l’heure, quand ma femme a posé ce dilemme, ton mariage ou ton