Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

JULIEN.

Cinq minutes, pas plus ! (Il va à la table d’un air faussement préoccupé. À son secrétaire.) Tenez !

(Il s’installe.)
ÉVELINE, (dans le fond en s’en allant, avec les autres, par la salle à manger.)

Tout communique, sauf le salon.

JULIEN, (parlant très fort.)

Le Mémoire de Parmentier est inacceptable !… Il faut le mettre au prix de série… (Julien fait signe à Dastugue de demeurer et de loin crie à sa femme.) Je le garde ! (À son secrétaire.) Maintenant, descendez quatre à quatre, Fillon, portez ce pli à la poste et, de là, allez où vous voudrez… aux immeubles… Je vous y rejoindrai tout à l’heure !…

(Le secrétaire s’en va par la porte de droite.)


Scène V


JULIEN, DASTUGUE

DASTUGUE, (confidentiel, et jetant des coups d’œil de temps en temps derrière lui, pour constater qu’on n’écoute pas.)

Mon cher, c’est grave, très grave ! Je franchis le seuil de votre domicile conjugal pour vous avertir du danger que vous courez… Ce que vous venez de faire est de la folie !… Le hasard a voulu que j’arrive chez elle au moment même où vous veniez d’en sortir. Mon cher, je n’ai jamais vu une femme dans un état de désespoir comparable… Permettez-moi de vous dire, avec ma vieille expérience, que vous venez de rompre comme un gamin, comme on le fait à vingt ans !…