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et biologiste, à force de considérer la chose en soi, perd le sens des relativités et même le sens critique ; habitué aux abstractions, il s’égare hors de l’humanité et de la société, avec la meilleure foi du monde.

Mourant, il fait appel à une interprétation plus généreuse et plus compréhensive de la vie, il prophétise un temps où l’esprit aura une place prépondérante et se fondra harmonieusement avec les lois de la matière au lieu de leur être opposé.


Le destin est immuable. C’est un axe. Les consciences qui gravitent autour sont éternellement variables. Examinez les rapports permanents de ces deux personnages : Destin et Conscience, l’un fixe et pareil à lui-même, l’autre mouvant et varié. Vous aurez la base merveilleuse du théâtre : c’est cela qu’il faut rendre. Je ne saurais assez le répéter !

Et qu’on ne dise pas que le cadre de la scène est trop limité pour y faire tenir un modèle aussi considérable. Nous avons, dans le passé, l’exemple rassurant de Shakespeare.

Le théâtre c’est l’art le plus large ; ce doit être la nature intégrale. C’est lui seul qui peut et doit réunir cette indissoluble trinité : l’émotion de fait, de sentiment et de pensée.

Voilà la nouvelle règle des trois unités.


Cette note a été antérieurement publiée par Henry Bataille dans le volume intitulé Écrits sur le théâtre (Crès, éditeur).