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nous fait éviter de parler d’elle, mais surmontons cette répugnance. Tu sais où se trouve Edwige ?

MARCELLE.

Tu ne voudrais pas que je l’ignore ! C’est une de mes préoccupations. Je sais qu’elle s’est enfermée dans un logement de l’orangerie, l’ancienne chambre du cocher… et là, elle écrit, elle écrit, paraît-il… Elle doit rédiger des monceaux de mémoires avec sa manie épistolaire… Elle devrait seulement les rédiger ailleurs qu’à l’Institut !…

MADAME BOUGUET.

Eh bien, sache que c’est moi, Marcelle, je puis bien te l’avouer maintenant, moi-même qui ai exigé d’elle, dans la seule et pénible entrevue que nous ayons eue, qu’elle ne quittât pas l’Institut… Elle peut divorcer, ou retourner à l’étranger, la suite de son existence m’importe peu, mais j’estime qu’il nous vient assez de souffrances d’elle pour qu’en retour elle demeure actuellement à notre disposition…

MARCELLE.

C’est-à-dire ?

MADAME BOUGUET.

C’est-à-dire que pour l’instant, je ne veux pas qu’elle donne raison à l’opinion publique par une fuite intempestive !… Que cette femme demeure consignée, c’est le mot, jusqu’à ce que nous levions cette consigne : c’est indispensable. Le mieux eût été, certes, qu’elle disparût avec son triste époux, mais il ne faut pas espérer une réconciliation.

MARCELLE.

Ce serait folie d’y songer. Elle refuse même, m’a assuré Hervé, de revoir son mari, et, de ce sentiment, je ne saurais lui en vouloir.