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MAURICE.

Comme un gosse ! Que c’est bon ! Que c’est bon ! Comme un gosse, la tête sur ton épaule, maman !…

LIANE.

C’est bien mieux d’avoir parlé, nous allons nous comprendre, maintenant, nous serons des amis… nous en avons besoin. (Elle le cajole et se serre contre lui.) Moi aussi, va, j’ai des chagrins, je souffre d’inquiétude, j’ai toujours été inquiète ; nous autres, nous ne dépendons que de la valeur de notre beauté, de ce qui en reste, même. Alors, bien sûr, on lutte avec ses armes. Puis Rantz ne t’aime pas, naturellement ! C’est compréhensible. Mais tout cela peut s’arranger. Je serai très différente, maintenant. Ainsi, cette maison, dont tu parles, ce salon, ta chambre, là-haut, eh bien, puisque tu dis que tu souffres de n’y être jamais revenu autrement qu’en visite, eh bien, ça te ferait-il plaisir d’y rester, ce soir… de coucher ici ?

MAURICE.

Coucher ici ?… Moi ?…

LIANE, (joyeusement.)

Mais oui, chez moi ! dans ta chambre blanche d’enfant, comme autrefois, là-haut ! À moi, ça me ferait un grand plaisir, parce que, justement, ce soir, j’ai une impression de solitude, d’abandon, glaciale ! La pensée qu’après avoir bavardé je ne serai pas toute seule, que tu respireras dans ta chambre, comme autrefois, alors, tout à coup, ça me fera une douceur, ça me calmera, il me semble que je dormirai mieux !… Oui, reste, reste !…

MAURICE.

Tu veux bien !… Tu veux bien !… Ah ! Tu ne