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MYRTILLE.

À la minute, mais, écoute, tu as été particulièrement maladroite. Tu as accumulé gaffe sur gaffe… Dans une circonstance pareille !

LIANE.

Tu ne peux pas deviner. Je sais, moi, pourquoi il est venu exprès quand il y avait du monde… Je sais pourquoi il a recherché cette nomination… et pourquoi j’ai raison de tout craindre. C’est la débâcle qui commence pour moi !…

MYRTILLE.

Ma grande bleue, peut-être aussi n’y mets-tu pas assez du tien. Ça fend le cœur d’entendre des choses aussi affreuses, des choses dont vous ne pensez pas, tous les deux, le premier mot.

LIANE.

Oui, nous sommes humains dans la tendresse, grotesques dans la colère… Des caricatures ! Ah ! quelle horreur, Myrtille, à l’heure où l’on réalise sa vie, ses rêves, ses aspirations, à l’heure où il ne devrait plus y avoir entre soi que la douce émotion d’en être arrivés là, cette levée de boue qu’on ne peut pas retenir… toute la vase accumulée en soi… On dégorge tout ça, et la vie devient un baquet ! Va, va aux Folies, explique-leur, n’est-ce pas ?… dis que ce n’était rien, que je vais mieux… Je me fie à toi… Replâtre la façade, si possible…

MYRTILLE.

Je vais surtout tâcher de museler les potins ! Il n’y a que Lorédan qui m’inquiète.

LIANE, (agitée, pressée que Myrtille ait disparu.)

J’ai besoin d’une solitude complète devant ce papier à lettres, car je vais lui écrire une lettre ca-