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dix ans et plus ! J’ai joué avec eux en riant… pas avec l’élite ou le flambeau, grand Dieu ! mais avec ce qu’il y a de plus amusant, de plus vivant, les vieilles fripouilles du journalisme parisien, ces vieux forbans de la politique… tout ce que j’ai remué à la pelle, les bas insulteurs, les domestiques de la gloire, les plats pipelets du pouvoir, les vieux pamphlétaires livides qui ne sont plus que des cadavres prostitués, les beaux marchands de vertu, les aboyeurs, les chiens qui sifflent, tous ! tous !… Qu’ils y viennent ! Tout ça, mais ça se roule comme du scaferlati entre deux doigts, mon cher ! Allez ! j’ai de l’entraînement ; je suis comme les chiens qui ont besoin de courir après le gibier de campagne, de mordre dans du lapin, dans du perdreau, dans de la bidoche faisandée !… (Montrant ses dents à Lorédan.) Regardez, mon vieux, j’ai encore de belles dents.

GABY, (se levant de son coussin.)

Ah ! le beau gars !… Vive la République !… Et aux Fol.-Berge ! Pas de politique !

LIANE, (secouant, indignée, sa lorgnette de théâtre et son sac.)

Oh !… oh !… Alors, tout ce que tu me disais, cet été encore, à la campagne, dans le repos, dans le calme…

RANTZ.

À la campagne ! À la campagne ! Tu ne sais pas ce que je m’y suis rasé, à la campagne !…

LIANE.

Quoi ?… Hein ?…

RANTZ.

Il n’y avait qu’un moment de bon, tiens… et je ne te le disais pas !… C’est quand, au bout du