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vivre… Alors, il va falloir recommencer à lire, tous les matins, dans les journaux, des horreurs sur ton compte ? il va falloir que je t’entende traîner dans le ruisseau, accuser de toutes les infamies ? Moi, ça me bouleverse, qu’est-ce que tu veux, je ne peux pas vivre dans cette vie-là !

RANTZ, (qui a ponctué de « oui » énergiques.)

Moi, j’en ai besoin, j’en ai besoin ! C’est ma santé.

LIANE.

Tu as besoin d’être injurié, tu as besoin d’être traité, quarante-cinq fois par semaine, de forban ? Rappelle-toi la campagne qu’on a déchaînée contre toi, il y a dix ans, dans ces sales journaux de chantage ?… Tu en as besoin !

RANTZ.

Oui, oui. Il n’y a qu’une sorte d’homme qui puisse vivre dans la solitude, loin du bruit de la mêlée et l’odeur de la boue, c’est l’artiste… Je ne suis pas un artiste, moi !

LORÉDAN.

Mais si ! Tout de même !

RANTZ.

Vous savez bien que non, Lorédan ! Ce bas journalisme, cette basse politique, n’a jamais été un obstacle pour moi… c’est ma vie ! Ç’a été toujours ma vie !

LIANE.

Sa vie ! Sa santé ! Vous l’entendez !… (Elle prend tous les autres à témoin.) Tenez, passez-moi mes gants.

RANTZ, (qui a cassé une cigarette et en fait une, lui-même, d’un geste habituel de vieux fumeur.)

Les ai-je assez tenus dans ma poigne, pendant