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partement !… un député honoraire ! Mes électeurs n’avaient pas osé ne pas me renommer, cette fois-ci, de peur de me faire de la peine ; c’est le département le plus sentimental de France !…

LE PRINCE, (offrant son étui.)

Cigarette ? Quel département représentez-vous déjà ?

RANTZ.

Un tout petit département, très peu connu.

DÉDÉ.

Vous prépariez votre rentrée dans l’ombre.

RANTZ.

Que vous êtes peu au courant, Monsieur ! Ça se fait automatiquement. L’autre jour, au groupe radical-socialiste, j’ai exposé l’idée que je me faisais de la réorganisation des bureaux et de l’unité administrative ; ils ont eu l’air de trouver ça renversant !… Eh bien, je ne suis pas fâché qu’on m’essaie. Huit ans que je ne faisais plus rien ! Ça ne pouvait pas continuer. J’avais la nostalgie de l’odeur d’encre d’imprimerie ; si je n’avais pas eu celle des aisselles parlementaires pour me consoler, je ne sais pas ce que je serais devenu !

LIANE.

Allons donc ! Tu avais la paix, la paix, enfin ! Depuis quelques années trop courtes, on vivait tranquille ; je ne sais pas ce qui te manquait vraiment ! Maintenant, je ne vais même plus te voir une minute. J’espère bien que tu ne vas pas déménager pour aller dans un ministère quelconque ?

RANTZ.

Je n’y coucherai pas, c’est tout ce qu’il te faut, n’est-ce pas ?

(On rit.)