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RANTZ.

Oui, si tu y étais seule !… J’avais bien, tu le vois, l’intention de t’accompagner cinq minutes… je me serais d’ailleurs enfui pendant un acte, car j’ai de l’écriture pour jusqu’à trois heures du matin, tu t’en doutes… mon programme… mes chefs de cabinet à choisir… mais il n’y a pas qu’une question officielle, il y a aussi le mariage de ma fille… Je t’ai déjà expliqué ça… des gens très bourgeois, des bijoutiers. Déjà mon ménage irrégulier les effare un peu, ces gens, et je dois éviter de m’afficher, ce soir… (Mouvement de Liane.) pas avec toi, mais encadré comme nous allons l’être… de deux femmes aussi antiparlementaires.

LIANE.

Cela te va bien de me le reprocher ! Ce n’est pas toi qui as toujours voulu, par fierté d’homme à femmes, que nous ayons l’air d’un ménage rigoureusement irrégulier ?… que nous conservions cet aspect d’amant et maîtresse ?… Tu as voulu que je fréquente des artistes et des cocottes, eh bien, je fréquente des artistes et des cocottes ! Si tu devais redevenir officiel, mon cher, il fallait… il fallait…

RANTZ, (l’interrompant, catégorique.)

Oh ! pas de scène de ménage ! (Il crie aux autres.) Fini l’aparté ! Je suis à vous !

LORÉDAN.

Mon cher Rantz, quelqu’un de sidéré, c’est moi…

RANTZ.

Il y a des gens qui vont être plus sidérés que vous, Lorédan, je vous le promets ! Ce sont mes électeurs. Vingt ans que je suis député de mon dé-