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mais assez de la nature. En passant l’autre jour en auto devant Potin, j’ai vu à l’étalage des morues sèches. C’était délicieux !… J’en ai acheté une. Je l’ai portée tout de suite chez Dédé. Il a assorti ça avec un vert exquis. Voyez : morue et peau d’amande.

LORÉDAN, (évanescent.)

Oh ! morue et peau d’amande… On dirait un titre de conte de Grimm ou d’Andersen ! J’adore ça ! « La Princesse Morue et la Petite Peau d’amande ! »

LIANE, (montrant les boissons.)

Voulez-vous boire ?

GABY, (entrant, la main tendue, gracieuse.)

Bonjour, cochon ! Bonjour, salaud ! Bonjour, mes chéris !…

LORÉDAN, (s’esclaffant devant la robe.)

De plus en plus fort… Quelle entrée sensationnelle nous allons faire tout à l’heure. Si j’allais me coucher ?…

LIANE.

Je paraîtrai une affreuse bourgeoise, moi, à vos côtés !

LORÉDAN, (entraînant Gaby sous une lampe.)

Venez ! Permettez ! Voyez-vous, il faut baisser un peu votre ferronnière… là… comme ça… et le turban… là… Et le sein gauche plus à droite, si vous pouvez…

GABY.

Essayez !… Non, mais est-il bête !…

LIANE.

Dédé va d’ailleurs pouvoir juger sur place de ses créations… car il doit venir nous rejoindre.