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que ça… on s’y perdrait… Allons, essuie tes yeux, sale gosse… vilain amour. Et puis, tu sais, ne te dis pas que je vais pleurer des jours et des jours… faire des grimaces à tout le monde. Tu connais Nono ? Elle est brave et courageuse une fois qu’elle a pris son parti… (Elle enfonce ses épingles dans son chapeau.) Aïe donc !… Seulement, ce qui me fait rage, c’est Arnould… ou ça m’embête un peu de combler de joie toute cette noble famille… Au fait, dis-donc, j’y pense… Tiens-toi, hein ?

HENRIETTE.

Comment ça ?

HONORINE.

Avec Tigrotin. Pas une allusion ?

HENRIETTE.

Tu plaisantes.

HONORINE.

Mais c’est que je vais lui faire déguster ça en plusieurs morceaux… Tu ne me vois pas tout à l’heure lui confier, quand il sera en face de nous, sur le strapontin : « Mon cher, je vais vous annoncer une bonne nouvelle ! Je vous accorde ma main. » Non, non ! Il faut qu’il apprécie, cet homme, son bonheur, à petit feu !

HENRIETTE.

Maman !

HONORINE.

Il me semble que tu le dis bien mieux qu’hier : est-ce que je m’abuse, mais jamais tu n’as prononcé avec tant de douceur ce mot déjà si rare dans ta bouche !… Eh bien, garde-la pour nous deux, l’inflexion nouvelle… Si tu veux me faire plaisir, continue à m’appeler Nono devant tout