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bras et de le conserver… Chose plus étrange, je l’ai retrouvé, mon cher, au fond d’un vieux carton. Comme il ne fallait pas songer, hélas, à le remettre, je vous l’ai apporté. Si ça peut vous intéresser, si vous êtes collectionneur, je vous le cède bien volontiers !

JUSSIEUX, (se levant à son tour et mettant le gant entre le gilet et le plastron.)

Ah ! mais il serait temps que vous en finissiez avec cette vieille légende de l’homme à femmes… Je n’ai jamais cherché à plaire… J’ai eu de bonnes fortunes, c’est vrai, mais bien plus de rencontres brusques et brèves que de véritables amours… J’étais ainsi fait… Les grands voyageurs ne sont guère que des voluptueux… Mais maintenant je vous assure, que je peux faire un mari très sortable.

HONORINE.

Oh ! oh ! tout de suite, voyez-vous, les sottises… Il ne faut pas prononcer ce mot.

JUSSIEUX.

Mais si… pourquoi pas ?

HONORINE, (s’appuyant légèrement à un fauteuil.)

Ah ! mon ami, tenez… je suis toute tremblante… ne jouez pas avec des mots qui ont fait déjà tant de mal… quand ils étaient jeunes… et qui maintenant sont bien dangereux.

JUSSIEUX.

Mais je suis très sérieux. Revoyons-nous d’abord souvent… tous les jours… voulez-vous ? demain je vais déjeuner chez vous, puis vous prendrez le thé à mon hôtel… Vous verrez que je n’ai aucune des manies de célibataire… Et puis