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en face l’un de l’autre. (Ils s’asseyent sous la loggia, elle dans le divan, lui sur un fauteuil. Un silence gêné.) Dites-moi… (Silence souriant, oppressé et bête.) Je ne sais plus ce que je voulais dire !

JUSSIEUX, (souriant.)

Soyez tranquille, ça reviendra.

HONORINE.

Ah ! oui !… Je voulais vous demander votre opinion.

JUSSIEUX.

Sur quoi ?… sur la façon dont Madame Durc a chanté tout à l’heure ?

HONORINE.

Sur la vie !… Comment trouvez-vous ça, la vie, maintenant que vous êtes à peu près fixé ?

JUSSIEUX.

Évidemment, ça pourrait être mieux… Mais, somme toute, je ne peux pas dire que j’ai été malheureux… Non, je ne le peux pas.

HONORINE.

Alors, la course a été belle ?

JUSSIEUX.

Pas trop vilaine… Il y a eu des jours que je pourrais marquer de cailloux blancs… puis aussi des passes désagréables… Comme tout le monde !… Je ne vous pose pas la même question ! J’ai sûrement entendu plus parler de vous que vous n’avez entendu parler de moi. Je sais que vous avez été heureuse.

HONORINE.

Qui est-ce qui a dit : « L’admirable dans le bonheur des autres, c’est qu’on y croit toujours ? »