Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

RAYMOND.

Parbleu ! Tu as vingt-deux ans et tu es blond…

MAURICE, (baissant la voix.)

Si j’avais voulu… Myrtille Deneige qui vient ce soir, eh bien, si j’avais voulu, en cachette de maman, rien n’était plus facile. Elle m’a fait des avances très nettes, aux courses…

RAYMOND.

Tu as rudement bien fait de ne pas marcher. Surtout celle-là !… Quelle bavarde !… Ta mère l’aurait toujours su… Alors, que répondre de ta part à la petite ?

(La deuxième femme de chambre vient d’entrer.)
LA FEMME DE CHAMBRE.

Madame n’est pas là ? Elle m’a sonné mes trois coups.

RAYMOND, (impératif et hautain.)

Voyez dans sa chambre, là-haut. Ce n’est pas la sonnette d’ici !… Vous devriez regarder le tableau !…

LA FEMME DE CHAMBRE.

Bien.

(Elle traverse la pièce et sort par l’autre porte.)
MAURICE, (avec humeur.)

Vraiment, tu pourrais faire attention à ne pas me tutoyer devant les domestiques !

RAYMOND.

Je ne l’avais pas vu entrer. Autrement, je te prie de croire que j’aurais fait attention… Est-ce que je t’ai jamais tutoyé devant ta mère ou devant des invités ?