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tirer sans rien casser. Si tu avais vu comme elle rougissait encore en me donnant la lettre : « Mon petit Raymond, voulez-vous bien de nouveau vous charger… » Comment, tu la mets dans ta poche sans la lire ?

MAURICE.

Curieux !

RAYMOND.

Oh ! moi, ce que j’en dis…

MAURICE, (décachetant la lettre.)

I am ashamed.

(Il s’interrompt.)
RAYMOND.

Qu’est-ce que c’est ?

MAURICE.

Elle m’écrit en anglais…

RAYMOND.

Des sucreries ?…

MAURICE, (lisant.)

Boum ! Boum !… Gnangnan !… Rêve de jeune fille. Elle dit qu’alors elle va accepter le parti que lui propose son père. Eh bien, marie-toi ! Bonne affaire ! « Je veux avant mon mariage vous parler. Rencontrons-nous où vous voudrez… J’irai chez vous si vous voulez. » (Interrompant.) Ça y est, ça y est ! j’en étais sûr. Jamais de la vie… Eh bien elle m’en ferait encaisser des ennuis !… Je vois la tête de maman si elle savait ça… et de Rantz donc !… Quel chambard !… De plus, j’aime beaucoup mon petit chou d’Aline, et je me suis interdit tous les flirts… Sans quoi, depuis deux, trois ans, tu n’as pas idée des béguins que j’ai faits. Je dois être très en forme !…

(Il rit avec crânerie.)