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une jolie figure et des succès dans tous les mondes.

MAURICE.

Mais ce succès-là je m’en passerais… c’est très embêtant, très… horriblement !… D’abord, cette histoire ne peut aboutir à rien… Je veux l’arrêter tout de suite… Une jeune fille de dix-huit ans qui est la fille de l’ami de ma mère !… Je sais bien que je suis très poli de ma nature, mais vraiment la politesse ne peut pas m’amener à des bêtises de cet acabit ! (Il sourit.) Par respect hiérarchique, j’ai été déférent et courtois, mais maintenant… Zut !… Tout le monde descend ! Eh bien, je vois la tête de maman !…

RAYMOND.

Moi je suis bien obligé de te remettre les petits poulets. Et puis c’est plutôt pour en rigoler !…

MAURICE.

Mais qu’est-ce qui lui a pris de se fourrer ça dans la caboche ?… Je ne l’ai pas rencontrée plus de cinq ou six fois dans ma vie… Quand on était petit on s’était adressé quelques sourires, par la fenêtre… ou dans la rue.

RAYMOND.

Ça lui a suffi…

MAURICE.

C’est la cinquième lettre, en six mois, plus deux coups de téléphone chez moi, cette semaine… J’ai été stupide à l’appareil ! Je lui ai parlé anglais !… Dieu, que c’était bête ! J’ai envie de refuser la lettre.

RAYMOND.

Non. Tu aurais l’air d’attacher de l’importance à des gamineries… Tu es assez roublard pour t’en