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vous, Monsieur !… (Il pleure.) Faites-le, dites ! Moi, ne vous occupez pas de moi… ça ne compte pas ! Vous avez raison… je suis un misérable. J’ai tenté une résistance acharnée… absurde d’ailleurs… folle !… Oui, vous avez raison… un sale bonhomme !… Tenez, je ne ferai plus rien ! Voici la clef de chez moi. Voici les lettres… (Il jette tout sur la table et désespérément.) Mais allez trouver maman, dites ?… Allez vite !… Empêchez-la de se tuer. Et pour vous, Monsieur pardon, pardon…

(Il est presque à genoux, la voix étranglée. Depuis un moment, on lit sur le visage de Rantz une transformation d’attitude et d’anxiété intérieure. Il a même dû lutter contre une émotion instinctive, qui lui vient de cette clameur désespérée, car il se mord les lèvres, fait quelques pas, silencieusement, lourdement, sans regarder Maurice. Puis, tout à coup, il est gagné par un hoquet brusque, une sorte de sanglot, on ne sait pas au juste, et il empoigne son chapeau et son pardessus qu’a rapportés le domestique tout à l’heure.)
RANTZ.

Venez ! (Maurice a un cri de joie. Rantz, ouvrant la porte et bourrument, à Maurice.) Passez devant, Monsieur, passez, passez !


RIDEAU