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MAURICE.

Pour vous servir, Monsieur !

RANTZ, (laissant tomber de toute sa hauteur le mot qui cingle et cravache.)

À vingt ans, vous séduisez déjà les jeunes filles ! Vous les chambrez pour faire casquer les parents… C’est savoir vous servir tôt d’un visage d’Adonis pour cocottes !

MAURICE, (les dents serrées.)

Causez toujours !… Ça vous va bien, vous, l’enflé d’orgueil, le parvenu ! Allons, allons !… finie, cette morgue ! Voilà la panne maintenant… Ah ! le beau-père du petit Orland, c’est embêtant ! Hein ? Bien plus embêtant encore qu’un barbottage de trois cent mille francs !

RANTZ.

Insultez ! Bavez ! Vous êtes hideux !… Vos ricanements de basse pègre qui se retrouve !… C’est le souteneur qui fait ses premiers pas…

MAURICE.

J’encaisse ! J’encaisse ! Vous ne me ferez pas sortir de mes gonds. Je me le suis promis. Vous ne me faites pas peur, allez !

RANTZ.

Si vous vous voyiez !… Vous êtes blême… mais blême de sérénité candide, gamin vicieux, campé dans un veston du bon faiseur, payé par papa Rantz, car je ne vous fournis pas seulement vos cravates mauves et vos souliers vernis avec quoi on séduit les dames ! Si je ne m’abuse, c’est moi qui vous nourris et vous entretiens depuis votre si tendre enfance ? Je n’ai pas fait votre compte.