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d’une manière généreuse, admirable même, à mon avis. Elle se dépossédait de bien des choses, vous le verrez, et elle me dépossédait en plus de papiers graves dont je vais vous rafraîchir la mémoire… Maintenant, ma mère est loin, jetée à la porte honteusement, horriblement… Où ? Je n’en sais rien, je ne veux pas le savoir !… Je ne veux pas penser à ce qu’elle peut faire en ce moment, dans son désespoir !… Moi, je suis monté en proie à la plus vive émotion, je suis venu reprendre ces papiers-là… Maintenant que je les ai (Il respire fortement.) ça va bien !…

(Durant ce temps, Rantz s’est maîtrisé, a haussé les épaules et a continué de crayonner. Quand Maurice a terminé, Rantz relève la tête négligemment.)
RANTZ, (glacial.)

Je vous ai laissé parler. Puisque aussi bien vous aviez pris la peine de vous introduire ici subrepticement ! Mais cette insignifiante et trop longue histoire, Monsieur, est pour moi dénuée de toute espèce d’intérêt…

MAURICE.

Croyez-vous ?

RANTZ.

J’en suis sûr !

MAURICE, (a une hésitation, puis.)

Non… J’ai quelque chose de plus important encore à vous dire auparavant.

RANTZ.

Et c’est ?…

MAURICE.

Monsieur, vous ne pouvez pas abandonner ainsi ma mère… Il faut que vous l’épousiez…