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FRANÇOIS.

Non, Monsieur, Monsieur Raoul n’est pas rentré. Il n’est pas quatre heures, sa classe ne doit pas être encore terminée… mais que Monsieur me permette d’ajouter pourtant, car cela paraît important, que Madame a écrit…

RANTZ.

Où est sa lettre ?

FRANÇOIS.

Là (Rantz pour prendre la lettre aperçoit le sac.) Madame a dit que dans ce sac, il y avait des choses importantes pour Monsieur, des choses qu’elle rendait… je crois… je n’ai pas très bien compris.

RANTZ.

Il suffit. Écoutez… (Ils écoutent tous les deux.) Non ! plus rien ! Fini ! Assurez-vous que l’auto est partie. Fermez l’hôtel… Descendez à l’office distribuer les ordres que je vous ai donnés tout à l’heure. Qu’on me laisse tout à fait seul ici. Apportez-moi mon pardessus immédiatement, mon chapeau… Je sortirai quand je voudrai. Qu’on ne me parle plus !… Allez ! (Le domestique sort. Au bout d’un instant Rantz décachette la lettre et se met à la lire immobile. Le domestique rentre à pas de loup, pose sur le canapé le chapeau, la canne et le pardessus, puis il ressort sans mot dire. Rantz lit la lettre, puis il croise les bras. Il passe la main sur ses cheveux avec un mouvement d’orateur. Il prend le sac, l’entr’ouvre à peine et rejette cet objet féminin sur la table. Il glisse les bijoux dans le tiroir de sa table, et ferme le tiroir à clef. Lui aussi a regardé longuement la bague de Liane, puis il saisit dans sa poche la dépêche de tout à l’heure et la relit. Il regarde l’heure, angoissé.) Nellie… Du courage… Reprenons-nous !… (Il saisit les feuillets recopiés laissés par les sténos. Il commence à murmurer à voix très basse, les phrases du