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LIANE.

Alors je vous prie de sortir… Eh ! bien… (Le domestique hésite, puis sort lentement. Elle ouvre le salon de droite, s’assure qu’il n’y a personne, monte ensuite l’escalier, essaie d’ouvrir la porte, constate que le double tour est donné.) Naturellement !… Paul, tu es là… J’en suis sûre… Tu écoutes. Je connais ta manière. Oh ! désormais tu es l’être invisible qui écoute au bout du fil, derrière une porte mes sanglots ou mes cris… Paul… Paul… Je reviendrai s’il le faut… Je me coucherai la nuit sur le paillasson de ta porte, mais tu entendras ta pauvre maîtresse. Elle ne vient pas te faire une scène… Paul ouvre, je t’en supplie, je t’apporte des choses précieuses indispensables pour toi. Je les ai dans mon sac… des choses qui allaient peut-être te perdre mon chéri. Je t’assure, c’est pour toi… tu me remercieras… et puis, je m’en irai pour toujours… Il faut que tu m’entendes. (Elle tombe en sanglotant contre la porte puis se relève.) Mais ouvre donc, ouvre donc… Prends garde… Je veux qu’on m’ouvre. (François entre de gauche.) Ah ! voilà sa réponse, voilà sa réponse. Le domestique pour me chasser… Répondez… Répondez vous avez l’ordre… non… non… Vous pouvez mettre votre joie à me toiser en silence, à humilier la patronne, non François, peine perdue. Vous allez me servir de témoin et de confident, car il faut un témoin de ce que j’étais venue faire ici. Gardez-moi à vue et écoutez. Puisque je ne peux pas le voir, vous lui répéterez exactement ce que je vais vous dire… Voilà… Je mets ce sac sur son bureau… qu’il l’ouvre. J’ai pu me procurer les documents qu’on allait lancer contre lui dans la presse. Il les reconnaîtra tout de suite, on allait le perdre… je l’ai sauvé… C’est toute ma vengeance à moi… Vous ajouterez ceci : Que je veux m’en