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ce fût une affaire d’heures. Mais, maman, une rupture simulée comme il y a deux ans !

LIANE.

Non, non. Ça y est, cette fois, en plein ! J’ai reçu ce matin par la poste une lettre… ah ! quelle lettre !… prenant prétexte, tu vois ça d’ici, de nos huit jours de scènes… dissentiments, situation nouvelle, nécessité, etc., tout !… Une demi-heure après, j’ai reçu — c’est le bouquet ! — j’ai reçu une visite… son notaire !

MAURICE.

Non !

LIANE.

Porteur d’un chèque de cinq cent mille francs. Tu vois, il est généreux !… Il fait bien les choses… Comme à une grue !… Comme si c’était autrefois ! C’est beau, hein, c’est beau ?

(Elle pleure.)
MAURICE.

Voyons, ne te laisse pas aller, ne te laisse pas aller, surtout. Il faut lutter…

LIANE.

Contre quoi ? Il faut se flanquer dans la Seine, oui !

MAURICE.

Une autre. Pas toi, maman. Ah ! que non ! Il ne faut pas abandonner la partie…

LIANE.

Jamais, je n’aurais cru… jamais ! Plaquée comme une fille… Ah ! il a tenu à me le faire bien comprendre !… Dix-sept ans, mon petit, dix-sept ans… Tu ne sais pas ce que c’est, toi, que dix-sept