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MAURICE.

Ah ! votre voix !… Comme au téléphone… pareille. Oui, c’est vrai, il n’y a pas d’ascenseur… J’habite une vieille maison, comme toutes les maisons d’ailleurs sur le Palais-Royal. Je vous voyais très bien de là, du balcon, avec le signalement que m’avait donné Raymond.

NELLIE.

C’est triste.

MAURICE.

Oui, c’est triste un peu chez moi. Seulement, au printemps, c’est plus gai. On a les enfants qui crient : « Pouce ! », les calicots à midi dans le jardin, le kiosque avec son citron sur la bouteille de coco, et puis il y a les moineaux…

NELLIE.

Je ne voulais pas dire cela… Ce n’est pas votre appartement qui est triste, c’est ce qui se passe ici en ce moment…

MAURICE.

Ah ! bon, je ne comprenais pas. Pourquoi ? Mais, au contraire, quoi de plus simple, de plus naturel !…

NELLIE, (nettement.)

Ne riez pas, je vous prie.

MAURICE.

Ah ! il ne faut pas ?… Écoutez ! vous me déconcertez !… Moi qui m’imaginais qu’on allait se parler à la bonne franquette, en vieux amis, déjà. Vous m’avez dit : « Un conseil, j’ai un conseil à vous demander avant mon mariage. » Alors, je pensais qu’on allait se débonder un peu… Et j’avais droit de compter sur cette intimité que nous créent quatre ou cinq lettres, quelques communi-